Asli Torcu, dans l’intime de la mémoire
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Une salle au plafond voûtée et aux murs blancs dont la froideur monastique est à peine contrariée par la chaleur éclatante des couleurs vives de trois grandes toiles en cours de réalisations. Asli Torcu, artiste turque en résidence pendant deux mois à l’abbaye de Caunes-Minervois, dans le cadre du projet Noire Montagne, porté par la Fabrique des Arts, laisse parler sa créativité. Quoi de plus approprié qu’une abbaye pour créer sur le thème de cette 5e édition ; l’héritage en peinture.
Un intérêt précoce pour le dessin
Une histoire qui est née pour Asli en Turquie avec un intérêt précoce pour le dessin qui la conduira jusqu’aux Beaux-arts. Un voyage touristique à Paris lui indique la voie, ce sera celle d’études en France et d’un doctorat à l’université Paris VIIIe où elle enseignera aussi.
Mon travail est lié à cette question de la mémoire, du passé intimement liée à la création et l’imagination. Notre histoire, nos vécus affectent tout ce que l’on fait, la question des couleurs aussi dans la peinture. Ma thèse portait sur la peinture réminiscence ou comment les images de la mémoire interviennent et affectent le processus de création.
Asli Torcu, artiste.
Les tableaux d’Asli chez des collectionneurs privés
Pour cette artiste qui donne, aujourd’hui, des cours à l’école supérieure d’art Dunkerque-Tourcoing, la vie est aussi rythmée par les heures de création dans l’atelier du centre d’art de Saint-Denis où elle a trouvé l’espace pour laisser parler son imagination. La jeune femme a multiplié les expos individuelles ou collectives et va à nouveau exposer dans son pays à Istanbul. Pays où de nombreux collectionneurs ont déjà acheté ses œuvres.
A Caunes-Minervois, Asli applique toujours la même méthode comme un rituel créatif. D’abord peindre ce qu’elle nomme joliment "le climat coloré du tableau", une abstraction avant d’intégrer ses images, petits morceaux figuratifs qui ont souvent en commun les failles et blessures de l’âme comme celles du corps, omniprésentes.
Je travaille aussi sur l’univers de l’enfance, les albums de famille, ce qui peut être enfoui dans la mémoire.
Asli Torcu, artiste.
Expo à l’abbaye de juin à octobre
Une série de photos d’actualités et de corps endoloris sont épinglées au mur. Fruits de recherches ciblées ou coup de pouce du hasard, comme autant d’émotions dont un détail échouera sur la toile. Sur le mur vierge, sur l’une des cinq œuvres de l’exposition qu’elle proposera de juin à octobre à l’abbaye, les jaunes et les rouges, tout en dégradés, se disputent la vedette sous un détail du célèbre Saint-Thomas du Caravage. Juste en dessous, des enfants se protégeant de la pluie sacs plastiques sur la tête, tirés aussi d’une photo, complètent la création.
Quand je peins, je créé ma propre histoire. C’est une forme de reconstruction comme lorsqu’on décrit un souvenir.
Asli Torcu, artiste.
Outre l’exposition de ses œuvres, Asli souhaite réaliser des portraits de personnes ayant travaillé dans les carrières de marbre qu’elle réalisera sur des fragments de ce même marbre. La résidence consiste aussi à conduire des ateliers avec les élèves de l’école de Caunes-Minervois. Et Asli participera en septembre à la conférence qui se tiendra à la Fabrique des Arts.
La Noire Montagne, c’est quoi ?
La Noire Montagne est un projet porté par Carcassonne Agglo et coordonné par Alain Fabre, directeur de l’école des Beaux-arts, en partenariat avec la Ville de Carcassonne, la Drac, la région Occitanie et le conseil départemental. Cette manifestation articulée autour d’une résidence d’artiste, a pour but de soutenir la création artistique et de diffuser les arts visuels auprès d’un public très large. Noire Montagne, ce sont 5 temps forts : une résidence, une médiation avec les scolaires, une expo à l’abbaye de Caunes-Minervois, une conférence à la Fabrique des arts et la publication d’une revue illustrée.